LE GYOTAKU ( GYO: poisson; TAKU: empreinte, trace ) est un art japonais original qui consiste à reproduire
l'image d'un poisson par empreinte sur papier ou sur soie selon deux méthodes distinctes.
La volonté de fixer la mémoire humaine ainsi que la représentation de ce qui nous entoure par impression
sur des supports aussi légers que maniables est une tradition fort ancienne en Asie. La Chine, berceau de
grandes découvertes, n'a cessé de surprendre l'occident, notamment lorsque l'on découvrit, au début de ce
siècle, à TOUEN-HOUANG ( Turkestan), le Sutra du diamant. Ancêtre de tous nos livres imprimés
-Il remonte à l'an 868- ce document long de 4,8 m se présente sous la forme d'un rouleau.
La méthode consistant à répandre l'encre sur une pierre gravée, puis à appliquer un papier sur son relief,
serait la méthode la plus archaïque d'un relevé en impression inversée; il s'agit généralement d'un relevé
d'empreinte de stèle. Elle est en tout cas très antérieure au célèbre Sutra du diamant conservé au British Museum.
Aïeule d'une longue tradition, cette technique a abouti à la première forme du GYOTAKU, qui
permet d'obtenir le spectre authentique et fragile d'un modèle. Actuellement, il semble difficile de déterminer
l'époque des premiers soubresauts de cet art développé au Japon.
Les deux exemplaires les plus anciens que l'on connaisse ne remontent qu'à l'époque EDO et datent de
1862. L'un reproduit une daurade royale, l'autre une daurade grise, poissons nobles symbolisant le bonheur.
Ces exemplaires ont été crées par un samouraï guerrier ( BUSHI ) du nom de NAOTSUNA UJIIE, et sont
conservés au musée HONMA de la ville de SAKATA, préfecture de YAMAGATA ( Japon ).
Deux méthodes permettent de réaliser un GYOTAKU, dont les résultats sont aussi opposés que
complémentaires:
La première, à l'encre de chine, a pour support un papier japonais ( WASHI ) sur lequel on obtient un motif
inversé. Dès l'origine, ce procédé servait à préserver le souvenir d'une prise exceptionnelle, et
s'accompagnait d'un texte relatant le lieu de pêche, le nom du poisson, la date et le poids, et était
éventuellement embelli d'un poème. Sous cette forme, le GYOTAKU est parfois affiché dans les
poissonneries, consacrant ainsi le trophée et l'orgueil du pêcheur. Le poisson est d'abord nettoyé, soit avec
du sel soit avec du vinaigre selon la provenance, eau douce ou océan. L'encre doit obligatoirement être
appliquée dans le sens des écailles. ensuite, on applique le papier sur le modèle et on le frotte à la main,
toujours dans le même sens tête queue. Enfin, on décolle le papier inscrit d'une empreinte. L'artiste n'a plus
qu'à peindre délicatement l'oeil au pinceau. Démonstration. Exemple.
La seconde apparait en 1948 sous la main de KOYOO INADA. Ce furent les débuts de l'interprétation
artistique sur le support noble qu'est la soie. De plus, la couleur apporta un relief et une vie nouvelle à cet art
encore expérimental. La fibre de soie se révéla idéale grâce à sa facilité d'emploi et de manipulation.
L'application des couleurs est indirecte, c'est à dire qu'elles sont appliquées sur le tissus par transparence
avant d'être tamponnées en fonction de l'aspect désiré. Cette méthode exige une maîtrise bien plus
élaborée, chaque oeuvre bénéficiant d'un secret transmis du maître à l'élève et traduisant le style de son
auteur. La composition est accompagnée d'un texte destiné à transmettre toute sa dimension poétique.
Le GYOTAKU reste un art marginal pratiqué en petit comité et ne connaît qu'une diffusion restreinte.
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